Komyo-In

mercredi 27 janvier 2010

Vie et oeuvre de Kobo Daïshi (1)

« Les shingons sont les prières symbolisant l’illumination intérieure des Bouddhas, qui dépassent la compréhension des hommes. C’est pourquoi méditer profondément et répéter sincèrement les shingons aide à dissiper l’ignorance en nous. Chaque mot d’un shingon contient une multitude de vérités grâce auxquelles nous pouvons devenir Bouddha dans cette vie avec ce corps ».


par le Révérend Yukai

Kôbô-Daïshi est le saint fondateur du Shingon, mais il est aussi une figure marquante de l’histoire du Japon ; son esprit universel a fortement influencé la culture et la civilisation japonaises. Il était non seulement un grand religieux, mais aussi un éminent homme de lettres, un philosophe, poète et calligraphe. Toute sa vie il manifesta une grande bienveillance pour tous les êtres, et c’est pour cette raison qu’il est encore, de nos jours, si populaire au Japon.
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Kôbô Daishi - enfant
Il naquit en 774, au village de Byôbuga-ura, dans l’île de Shikoku. Sa famille était prospère, son père avait exercé le rôle de gouverneur de province. Il était le troisième enfant et reçut le prénom de Mao, qui signifie "Poisson de vérité". Très tôt il manifesta une remarquable intelligence, alors, il fut appelé Tôtomono, le "précieux". Déjà dans ses jeux, il montrait une profonde attirance pour la religion car il avait l’habitude de façonner des Bouddhas en argile pour ensuite les prier sur des petits autels. A l’âge de 15 ans, il se rendit à la capitale, Kyoto, auprès de son oncle, savant renommé, précepteur à la cour, pour étudier les belles lettres chinoises et les textes du Confucianisme. Inscrit au collège gouvernemental à 18 ans, il étudia assidûment durant deux ans ; devant ses brillants résultats la famille espérait qu’il deviendrait haut fonctionnaire à la capitale, mais le jeune Kûkaï s’intéressait plus au Bouddhisme qu’à sa carrière. Il étudiait également les textes anciens du Bouddhisme traditionnel de Nara. Comprenant la vanité de ses études laïques, il quitta le collège malgré la forte opposition de son entourage.
La fin du VIIIe siècle est marquée au Japon par de grands changements politiques. Le clan des Fujiwara prend le pouvoir et l’empereur Kanmu transfère la capitale de Nara à Kyoto. Ce renouvellement total augmente les charges qui pèsent sur le peuple qui souffre de la misère. De par sa nature profonde, Kûkaï avait senti que dans le Bouddhisme se trouvait la solution des problèmes essentiels de la vie des hommes. Il choisit donc de vivre en ascète errant, pour approfondir sa foi par la pratique religieuse. Il était le disciple d’un maître de temple, le prêtre Gonzô, qui l’initia au rituel de Goumonji, bien qu’il ne fut pas officiellement moine. Il pratiquait intensivement ce rituel et vivait tantôt dans des huttes au sommet des montagnes, tantôt dans des grottes au bord de l’océan. C’est ainsi qu’un jour, il vit l’étoile Vénus de l’aube descendre sur lui, et entrer dans sa bouche, lui apportant l’Illumination. A vingt quatre ans, il écrivit le "Sangô Shiiki", la vérité finale des trois enseignements, y comparant les trois idéaux du Confucianisme, du Taoïsme et du Bouddhisme, pour conclure que ce dernier est plus profond et plus apte à sauver les êtres, puisqu’il résout les problèmes de fond de la vie humaine. Il répondait ainsi aux reproches de son entourage qui l’accusait de ne pas vouloir servir son pays, et dès lors il se consacra entièrement à l’étude de la Voie.
Malgré ses études dans les temples de Nara, il n’était pas encore satisfait. Un jour il fit un rêve, l’invitant à se rendre dans le temple de Kumédéra. Là, il découvrit un texte encore peu connu au Japon, le Daïnitchi-kyô. Comme il ne pouvait le comprendre, il décida d’aller en Chine pour y approfondir cet enseignement. De 24 à 31 ans, c’est-à-dire jusqu’à son départ en Chine, il n’existe pas de documents sur sa vie, mais il est très probable qu’il dût beaucoup étudier et se perfectionner en chinois.
En 804, à 31 ans, grâce à l’appui de sa famille, il reçut l’autorisation de partir en Chine avec un ambassadeur. Juste avant son départ il reçut officiellement l’ordination de moine et prit le nom de Kûkaï qui signifie "Océan de Vacuité". Un autre religieux célèbre dans l’histoire du Japon, Saïchô, partait en même temps que lui sur un autre bateau. Il avait déjà fondé au Hieizan, au nord de Kyoto, un monastère du Tendaï et débutait brillamment sous la protection de l’empereur Kanmu. Après plus d’un mois de voyage, difficile, dû aux tempêtes, l’ambassadeur et Kûkaï débarquèrent en chine, très loin de la capitale Chang’an. Sur les quatre bateaux de la flotille, seulement deux étaient arrivés et le leur était dans un état si misérable que les autorités les prirent pour des pirates. C’est seulement lorsqu’ils virent la magnifique calligraphie de Kûkaï qu’ils reconnurent leur erreur. Aucun pirate n’aurait pu écrire avec une telle noblesse. Ils traversèrent la Chine par voie de terre, pour enfin arriver à Chang’an, la ville internationale la plus cultivée et la plus prospère du monde à l’époque. La Chine des Tang était à son apogée et, commerçants, philosophes et religieux du monde entier se côtoyaient dans sa capitale. Kûkaï s’enrichit au contact de ce foisonnement d’idées et de cultures si différentes. Il se rendit célèbre à la cour de l’empereur pour la beauté de ses ses calligraphies. Elles sont devenues maintenant des Trésors Nationaux du japon, visita de nombreux temples et connut divers grands maîtres. Il apprit ainsi le sanscrit auprès d’un maître indien. Cependant sa rencontre la plus importante fut celle avec Keïka-Ajari, ( Hui-go) le disciple de Fûkû-Sanzô (Amoghavajra), le plus grand maître vénéré de l’ésotérisme chinois.
Dès la première rencontre en mai 805, Keïka-Ajari reconnut Kûkaï :
"Je savais que vous viendriez. J’avais attendu si longtemps. Quel plaisir de vous voir ! mais hélas ma vie se termine et je ne sais si j’aurais le temps de vous transmettre mon enseignement."
Keïka-Ajari l’initia aux cérémonies de consécration "Kanjô" durant lesquelles le disciple, les yeux bandés, doit découvrir avec quelle divinité il a la plus grande affinité. A cette occasion, la fleur que lança Kûkaï sur un mandala (diagramme symbolisant l’univers) tomba deux fois de suite au milieu, à l’emplacement du Bouddha principal (Daïnitchi-Nyorai). C’est ainsi qu’il reçut le titre de Henjô-Kongô (le diamant qui illumine tout). En quelques mois, il reçut tous les enseignements de Keïka-Ajari comme on verse l’eau d’un vase à l’autre. Le Maître fit alors préparer activement à son intention les mandalas et les objets nécessaires à la pratique des rituels et de nombreux textes sacrés furent recopiés. Après cette période de transmission intensive, le Maître mourut à la fin de l’année. Kûkaï était son dernier disciple et il était, parmi tous, celui qui avait reçu les enseignements les plus complets directement de Keïka-Ajari. C’est sans doute pour cette raison qu’on le désigna pour écrire son épitaphe.
L’année suivante, il se joignit au nouvel ambassadeur pour retourner au Japon en Août 806. Jusqu’à la fin de son séjour, il recopia et rassembla des documents dans les divers domaines de la culture chinoise. Dès son arrivée, il envoya à l’empereur la liste des nombreux objets et documents qu’il rapportait de Chine. Grâce à sa longue préparation effectuée au Japon, il avait pu assimiler très rapidement non seulement les enseignements bouddhiques, mais aussi d’amples connaissances de culture générale, en lettres, calligraphie, médecine, travaux d’art, architecture, etc...
Cependant il était parti en Chine avec une délégation officielle et il avait été convenu qu’il devait y rester 20 ans. Son retour prématuré embarrassa les autorités. Il dut demeurer environ quatre ans au Temple de Kanzéonji dans l’île de Kyûshû, au sud du Japon, avant de recevoir l’autorisation de rejoindre la capitale.
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Kôbô Daïshi est célèbre pour ses calligraphies.
Namo daîshi Henjo Kongo !

2 commentaires:

  1. Merci Komyo pour avoir éclairé un peu mon ignorance via Tori vers Orti mon âme-mi http://voyagesexterieursexplorationsinterieures.hautetfort.com/. Je vais prendre un temps pour parcourir ton blog, aussi peut-être d'autres questionnements ou échanges viendront...
    Cordialement

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  2. Tu es la bienvenue Hélène

    Cdt
    Komyo

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