Le Gumanji reprend sous une forme mantrique l'ascèse de 50 jours que fit le bouddha sakyamuni sous l'arbre de la Boddhi. Elle est dédiée à au boddhisattva Akashgarbha (Kokuzo) le gardien des trésors du ciel qui est représenté ici par Vénus, l'étoile de l'aube que contempla sakyamuni à l'aube du 50eme jour.
voici ce qu'en disait Yukai Sensei dans un article parue dans GEO :
"Cette ascèse consiste à prier pendant cinquante jours Vénus, l'étoile de l'aube, considérée comme la manifestation du Bouddha Kokuzo (Skt. Akashagharbha), gardien des trésors du ciel, celui qui possède toutes les vertus, qui peut apporter la richesse et, don suprême, l'intelligence nécessaire pour comprendre tous les textes sacrés. Si l'ascèse est parfaitement suivie, l'étoile de l'aube apparaît le dernier jour au moine qui l'accomplit et celui-ci atteint l'illumination, c'est-à-dire devient «un avec l'Univers». Kobo Daishi, le fondateur du Shingon, y parvint. Selon la tradition, après avoir beaucoup pratiqué cette ascèse, il vit un jour l'étoile de l'aube fondre sur lui et entrer dans sa bouche. Dans un petit temple solitaire au sommet d'une montagne, complètement coupés du monde, nous avons prié l'étoile et les maîtres qui nous avaient précédés afin qu'ils nous soutiennent dans notre effort. Levés à trois heures et demie du matin, notre journée commençait par des ablutions purificatrices: dix-huit seaux d'eau glacée sur nos corps entièrement nus. Ensuite, au cours de deux rituels de sept ou huit heures chacun, nous répétions vingt mille fois par jour la même prière jusqu'à un million de fois pendant toute la durée de l'ascèse. Un seul repas au milieu de la journée devait nous suffire: une petite tasse de riz cuit à l'eau; quelques légumes ou des algues séchées; un peu de thé...
Ce n'est pas par masochisme que ces règles sont prescrites aux moines, mais pour favoriser le nettoyage de l'intérieur du corps et des canaux subtils qui le parcourent. Canaux qui existent aussi à la surface de la peau: c'est là que les acupuncteurs cherchent les points sensibles et plantent leurs aiguilles. Dès la première semaine, surgirent de mon passé mille images oubliées, libérant tensions et peines dans une sorte de psychanalyse accélérée. Finalement, ces cinquante jours passèrent très vite. Contrairement à ce qu'on aurait pu penser, nous n'étions pas exténués. La faim nous tortura surtout pendant la première et la dernière semaine. Il n'empêche que, à la descente, je pesais seize kilos de moins qu'à la montée. Et ma femme, douze. Quant à savoir si je suis devenu plus intelligent... je n'en ai pas le sentiment. Je ne crois pas, non plus, que ma mémoire se soit améliorée considérablement avec l'expérience. En revanche, mon intuition semble s'être aiguisée. Quoi qu'il en soit. les grands maîtres insistent surtout sur l'importance de la pratique dans la vie quotidienne. Vivre chaque jour avec sagesse, faire face avec patience aux tracas de l'existence. est en effet beaucoup plus difficile que toutes les ascèses. "
Yukai sensei a souvent répété qu'on ne peut bien comprendre la vie spirituelle, qu'en développant la vision pénétrante, ces pratiques sont des voies privilégiées pour cela, le but final restant l'éveil comme le vécu Gautama en son temps.
Tous les grands spirituels, qu'ils soient chrétiens comme les trappistes ou les chartreux ou d'autres, soufis, bouddhistes de telle ou telle tradition, empruntent à un moment de leur vie le chemin de l'ascèse qui est dépouillement du superflu.
Je ne peux suivre ce chemin, vie familiale, boulot, et manque de détermination de ma part.
Mais je ne peux que respecter ceux, qui comme le bouddha en son temps parcourent encore ces voies, à la fois extrêmes et abruptes.