Komyo-In

jeudi 27 décembre 2012

La méditation qui change la vie A ji Kan


La méditation qui change la vie
A ji Kan

La vie moderne nous pousse à l’individualisme, les gens qui ne connaissent pas la loi du karma croient que pour réussir, il faut penser d’abord à soi-même, d’après eux c’est une attitude réaliste que d’être égoïste.
La contre parti de cet endurcissement intérieur face aux besoins et à la souffrance des autres est l’augmentation de la saisie dualiste de l’ego d’où une sensation d’enfermement, de solitude, de tristesse qu’aucun  bien matériel de ce monde ne pourra jamais satisfaire.
A l’opposé celui qui suit la voie du Bouddha purifie son cœur de ses passions, il agrandit sa compréhension du monde parce qu’il pense d’abord au bonheur des autres, c’est un esprit ouvert qui au lieu de ruminer du mécontentement et des désirs insatisfaits veut devenir stable comme Foudô-myôô. Le calme de l’esprit obtenu par une vie retirée de l’agitation stérile du monde lui permet d’affiner sa sensibilité et son univers intérieur s’agrandit lui permettant de communiquer avec la totalité de la vie. Résumons cela en disant que l’égoïsme et la dureté enferment sur soi, la bonté et la finesse d’esprit ouvrent le cœur et apportent le bonheur.
Avec le temps les conséquences de ces deux attitudes si différentes se renforcent sur le caractère et oriente l’évolution de la vie.
Pour quel idéal vivons-nous ?
Si en occident et en orient, il y a une désaffection de la jeunesse pour le religieux, c’est que les causes de dispersion sont devenues nombreuses, la société valorise les futilités, l’activité physique ou intellectuelle en déconsidérant la recherche intérieure contemplative.
Du point de vue de l’éducation, les parents pensent avant tout au seul bien être matériel et au développement intellectuel de leur enfant parfois considéré comme un roi.
Ils veulent sa seul réussite dans les études mais ils oublient parfois de lui enseigner des règles de savoir vivre élémentaires ou des principes moraux parce que cela parait désuet, voire de limitant pour l’épanouissement de sa  personnalité. Ce n’est pas un facteur de réussite personnelle pour un enfant que d’être élevé sans contraintes, sans frustrations, il risque de devenir un égoïste prétentieux qui ramène tout à lui et personne ne veut travailler avec ce genre d’individu.
Adolescent, il s’agit de découvrir le monde et c’est l’occasion de faire des expériences qui parfois salissent le cœur et il perd de sa sensibilité pour s’endurcir au contact de la vulgarité.
Même les dessins animés exercent très tôt une influence, les enfants veulent se sentir fort et ils ont des super héros. Il y a une quinzaine d’années un professeur m’a dit que le caractère des enfants dans les petites classes était devenu beaucoup plus dur.
Ils sont influencés par les modèles que les films, la télé et les jeux vidéo impriment dans leur subconscient. La croyance globale est que la vie est un combat entre le bien et le mal, moi contre les autres et qu’il faut donc être le plus fort et le plus malin.
Vouloir dominer c’est assez mesquin, cela ne rend pas sage et heureux et  cela ne donne pas un sens à la vie comme de vouloir faire du bien au service de l’humanité.
En quoi croyons nous ? Pour quel idéal serions nous prêts à sacrifier notre vie ?
Les anciennes générations ont été élevées avec un système de valeur plus paisible, enseigné par les livres de conte qui avait une fin juste, équitable où le respect de la vérité et la bonté envers les plus petits était récompensé. Il y avait la notion d’une intelligence bienfaisante supervisant chaque destinée, rétribuant le dévouement et châtiant la méchanceté.
Les héros antiques se sacrifiaient pour le bien de tous ou pour sauvegarder quelque chose d’infiniment précieux, le lien avec Dieu qui permet à la vie de s’exprimer harmonieusement  dans ce monde. Ils mouraient mais ils renaissaient à une autre réalité et devenaient immortels.
La vie, c’est la communication, mais pas celle où les hommes s’isolent devant leur ordinateur car ils se mentalisent et perdent la sensibilité du coeur. Rien ne peut remplacer le contact humain direct, l’expérience de l’amitié et de l’amour. Pour grandir intérieurement, il faut aimer et accepter de souffrir d’aimer.
Quand les hommes ont fait trop de mauvaises actions leur cœur se ferme complètement. Ils deviennent sourds et aveugles aux choses subtiles de la vie et ils pensent alors qu’elles n’existent pas. Ils se disent athées parce qu’ils ont besoin d’être rationnels, ils veulent croire pour se rassurer qu’ils peuvent tout faire avec leur intelligence et leur volonté, tout contrôler par la science. Le jour où ils sont malades ils commencent à se poser des questions mais il est alors trop tard.
Si la compréhension qu’on a du monde dépend uniquement de ce que les machines peuvent  mesurer, quelle limitation ! Au 21°siècle les progrès scientifique s’accroissent mais il y a une sorte de retour au moyen age au niveau de la sagesse. Ceux qui sont trop rationnels sont en fait très bornés, ils ne peuvent comprendre l’idéal des religieux qui recherchent la connaissance intérieure en  affinant la sensibilité de leur cœur. Cette recherche demande de maîtriser ses réactions instinctuelles et  de la lucidité pour remettre en cause ses croyances sur sa propre identité.
Kôbô-daïshi disait : « L’illumination, c’est connaître son cœur tel qu’il est ».
Le philosophe grec Socrate indiquait que sur le temple de l’oracle de Delphes était inscrit « Connais-toi toi même et tu connaîtras l’univers et les dieux ».
Les rencontres de la vie
Un petit gland peut-il comprendre toutes les étapes qu’il devra franchir avant de devenir un grand chêne ? La connaissance suprême c’est de réaliser que l’univers est un seul esprit au niveau ultime, Daïnitchi-nyoraï qui gère globalement la vie.
La grande compassion, c’est reconnaître sa présence dans tout ce qui existe même un insecte. En attendant d’atteindre la sagesse omnisciente du vide nous vivons dans la perception  de ce monde relatif et il convient de respecter les règles sociales pour y vivre ensemble en harmonie. Mais si nous savons que nous sommes tous unis par le cœur au Bouddha solaire, Daïnitchi-nyoraï, nous pouvons le remercier d’orienter notre vie et de choisir pour nous les rencontres qui feront mûrir notre cœur immature.
Si nous croyons que le Bouddha est dans chaque être, c’est se conduire en sage que de savoir écouter les avis même du plus petit qui peut nous prévenir de quelque chose d’important, parce qu’il a une autre vision sur la vie.
Ce n’est pas ce qui nous arrive qui est important, c’est ce que nous en faisons intérieurement.
Les expériences désagréables peuvent nous permettre de mûrir et de savoir ce qu’il faut faire ou dire pour être utile.
Méditer permet de prendre conscience de toutes les pensées qui agitent notre cœur.
Plus on approfondit la connaissance de soi même, plus on ressent les liens qui nous unissent avec la nature mais aussi avec tous les êtres dans les mondes visibles et invisibles.
Nous nous influençons constamment par la pensée, parfois en bien parfois en mal .
Si nous priions et méditons, nous pourrons plus facilement reconnaître les mauvaises influences parce que nous nous sentirons immédiatement mal à l’aise.
Nous aurons plus de force pour les rejeter comme des tentations et resterons toujours libre de choisir de faire du bien plutôt que du mal et notre destin s’en trouvera à la longue modifié.
Le test infaillible sur notre réalisation véritable de l’unité, c’est que nous  progressons dans le détachement en apprenant à pardonner les fautes des autres à notre égard. Même les méchants
Sont utiles pour développer nos qualités, en fait ce sont des amis venus nous purifier de notre mauvais karma.
Celui qui sait reconnaître sur le bord du chemin de sa vie des pierres précieuses s’enrichit, alors que les autres passent en croyant que ce sont des cailloux.  


Le sac des émotions
Nous ne sommes pas obligés d’être l’otage toute notre vie d’une enfance douloureuse, méditer permet de prendre le contrôle de son propre esprit et de devenir heureux de vivre, libre et conscient, responsable de ses choix.
Pour cela il faut s’alléger du sac des émotions refoulées qui étouffent notre joie intérieure.
Quand nous avons un choc dans la vie quotidienne, nous nous arrêtons spontanément de respirer par un mécanisme de défense pour rester lucide. L’apnée bloque et empêche l’émotion de nous envahir vers le haut, c'est-à-dire de submerger notre conscience.
On dit en français « J’ai été surpris, cela m’a coupé le souffle».
Par contre quand l’émotion monte et submerge la volonté, on peut entendre comme justification « J’ai vu rouge et je ne savais plus ce que faisais, c’est alors que j’ai frappé mon adversaire ». Il n’y a pas de frustration mais souvent après beaucoup de regrets.
Ne pas réagir à chaque agression peut être utile, vis-à-vis d’un supérieur irascible pour garder son emploi. Mais à la longue, une accumulation de blessures et d’humiliations peut amener à la dépression et pousser à des attitudes suicidaires, alcoolisme, accidents à répétition, automutilation etc. Nous ne pouvons pas nous aimer nous même, si tout le monde nous renvoie une image négative et si nos meilleures intentions sont mal interprétées.
Des expressions comme, «  j’en ai plein le dos », « j’ai gardé cela sur l’estomac » signifient qu’on ne peut plus supporter une accumulation d’émotions non exprimées. Parfois il vaut mieux quitter un conjoint tyrannique ou un travail où l’ambiance est malsaine plutôt que de devenir ou de rester  malade.
Dans certaines situations, il n’y a pas de bon choix possible, soit on perd quelque chose de matériel, soit on perd le respect de soi même en abandonnant ses principes moraux, ou des repères affectifs etc. Par exemple quand le patron oblige les employés à mentir et être malhonnêtes sous peine de perdre un avantage social ou leur emploi, ou encore quand il y a des infidélités conjugales et qu’on fait semblant de ne pas savoir pour préserver la stabilité familiale à cause des enfants.
Souvent le subconscient sait des choses que le conscient refuse de voir mais le corps lui réagit plus directement, des maladies de peau peuvent apparaître (Psoriasis) ou des douleurs du dos ou plus grave encore une dépression qui pousse au suicide, parce qu’il y a pas d’écoute, de dialogue, de respect et pas d’autre solution que de partir.
Les rêves de la nuit qui suit un choc ou un conflit permettent de se libérer d’une partie de ses tensions en imaginant des solutions ou des compensations, mais parfois il y en a trop, trop souvent, ou trop graves.
Parfois les émotions se fabriquent à posteriori par l’imagination, elles ne s’appuient sur aucune réalité historique. « Et si à ce moment là, le chien avait mordu ma fille ?», Le chien ne pensait qu’à jouer gentiment, mais certaines gens sont de vrais experts pour faire leur propre malheur en ruminant des pensées de peur, de haine qui les empoisonnent autant que si elles étaient fondées sur des faits réels et ainsi ils peuvent justifier leur tyrannie protectrice auprès de leur proche.
Parfois des émotions quand elles sont accumulées et refoulées pendant longtemps peuvent s’organiser pour créer des angoisses qui vont être déplacées dans des situations très variées, comme la peur de rouler en voiture, de prendre l’avion  ou d’être enfermé dans un ascenseur etc. Ainsi on oublie la cause véritable du stress, et on continue à subir. Une émotion peut avoir une vie autonome et déformer la manière de percevoir le monde parce qu’elle peut être stockée par le cerveau droit qui pense par analogie. Il peut faire des rapprochements illogiques et créer des réactions émotives disproportionnées devant des faits mineurs mal interprétés. Les gens très rigides psychologiquement ont beaucoup de principes moraux, ils sont dirigés par leur cerveau gauche rationnel, coupés de leur inconscient émotionnel, ils ont souvent occulté leur passé culpabilisateur et ne comprennent pas pourquoi ils réagissent par des bouffées de colère ou d’angoisses incontrôlables dans certaines situations.


Le remède de la méditation
Le Shingon enseigne la méditation sur une image simple, une lune blanche sur un fond noir.
Il est donc facile de se concentrer en même temps sur un point à deux travers de doigts en dessous du nombril tout en ayant en continue une respiration abdominale lente et profonde. Cette respiration appelée « Su soku kan» fait circuler l’énergie vitale dans le ventre qui est une sorte de cerveau émotionnel où sont refoulés des événements douloureux parce qu’à l’époque nous n’avions pas les moyens ou la maturité pour y faire face.
Maintenant ces regrets, tristesses ou colères rentrées continuent à agir sur notre psychisme et notre corps comme un poison qui peut à la longue rendre malade.
Chaque type d’émotion réagit plus à certains points du corps, par exemple la tristesse atteint les poumons, la colère le foie etc.…
Pour s’en débarrasser, il suffirait de parler mais c’est difficile de trouver quelqu’un d’attentif et de confiance et nous préférons cacher ce qui nous a fait mal plutôt que de le revivre. Souvent nous avons honte d’avoir subi des sévices sans réagir.
La méditation sur la lune est un remède merveilleux pour se libérer soi même. Après vingt minutes environ, le mental s’ennuie parce qu’il manque de nouvelles informations. Comme il a horreur du vide, il va créer de l’agitation en faisant resurgir du subconscient des émotions oubliées de longue date. Elles apparaissent sous formes d’images qui se superposent à l’image de la lune. La méditation doit nous permettre d’accueillir sans jugement tout ce qui monte à la surface, il ne s’agit pas de les nourrir par de nouvelles ruminations affectives, des regrets etc. mais de les considérer comme des rêves, des constructions du mental illusoires en recentrant toujours l’attention sur l’image de la lune devant soi et en continuant la respiration lente et profonde en dessous le nombril qui agit comme un soufflet.
Les émotions et les souvenirs montent puis se dissolvent les uns après les autres en quelques minutes comme de la vapeur qui sort d’une cocotte minute. Une émotion libérée fait de la place pour une qualité qui apparaît, son  énergie vitale va alors éveiller le sommet de la tête pour devenir une qualité transcendante.
Il faut du temps pour vider entièrement son esprit comme on vide une poubelle, des mois, peut être quelques années. Mais c’est un moyen très agréable qu’on peut utiliser toute sa vie pour s’harmoniser soi-même chaque jour après le travail.
Les gens croient que méditer sur le vide, consiste à ne plus avoir de pensées.
C’est vrai qu’il est possible de calmer l’esprit à un point où il n’y a que de la lumière pure, mais après une longue pratique de plusieurs années ! Pour des débutants, il est normal que des souvenirs remontent à la surface, c’est le signe que le travail de nettoyage commence à être efficace. 
La méditation est le remède qui permet un grand nettoyage en profondeur du subconscient.
C’est une psychothérapie merveilleuse qui transforme la relation à la vie. La confiance en soi revient et on devient disponible pour de nouvelles expériences. Matsumoto senseï disait qu’en priant on enlevait les lunettes au verre coloré de l’insatisfaction.
Stabiliser l’esprit par la pratique des cinq éléments
D’après les enseignements bouddhistes tout l’univers est composé de cinq éléments.
Ce sont les cinq éléments, la terre, l’eau, le feu, l’air et l’éther qui ont chacun une forme et un son symbolique.


La terre un carré jaune et la lettre « A », l’eau un cercle blanc et la lettre « BA », le feu un triangle rouge et la lettre « Ra », l’air un demi cercle noir et la lettre « KA », l’éther une boule bleu ou de couleurs mélangée et la lettre « KYA ».
Dans le Shingon, on imagine que ces cinq lettres sont disposées dans le cercle de la lune et on peut les répéter soit une lettre après l’autre soit les cinq lettres de suite en imaginant qu’elles tournent dans un sens ou dans l’autre dans notre coeur.
Le but de la pratique est de décomposer l’énergie de chaque élément perturbateur, désirs, souvenirs douloureux, obsession, etc. en chacun des cinq éléments pour effacer sa charge émotionnelle. Un événement bon ou mauvais n’existe dans notre mémoire que si on lui accorde de l’importance sinon on l’oublie. Tout est dans notre manière d’enregistrer un souvenir, en changeant son écriture on modifie l’émotion qui va avec et on obtient la paix.
Par exemple, si un texte littéraire nous émeut mais qu’on lui enlève toutes les lettres « a »,  il va devenir difficile de s’y attacher. Si un tableau montre un incendie de manière dramatique, il suffit de changer la couleur rouge des flammes en bleue et il devient moins crédible.
Pouvez vous imaginer une image terrifiante ou triste uniquement avec des couleurs pastelles jaune, roses et bleues ? C’est impossible car la souffrance et la peur sont crées avec des couleurs très marquées, noires, rouges, vertes foncées avec des sensations de dureté, de coupure et des sons rauques ou disharmonieux.
La méditation va libérer toutes les tensions en changeant seulement les énergies internes, elle agit comme une douche qui enlève les couleurs agressives. Il n’est pas nécessaire de vouloir revivre des souvenirs concrets consciemment, ce n’est pas de la psychanalyse, on deviendra plus heureux sans savoir pourquoi. Le sombre triste lourd s’en va, le clair joyeux léger vient par décoloration globale.
Les mantras agissent comme ces cinq éléments, ils ouvrent des portes à différents niveaux du corps en haut et en bas. Ils font circuler les énergies et remobilisent toutes les pensées ou les émotions  enfermées dans le cerveau émotionnel du ventre pour provoquer des crises de doute ou des larmes, pendant les périodes d’ascèse. Quand cela se produit, c’est très bon signe, le travail agit, même si c’est désagréable sur le moment.
Les mantras transforment non seulement l’énergie en soi et mais agissent aussi à distance chez les autres et si par exemple on se concentre sur des souvenirs douloureux en se rappelant le visage des gens qu’on déteste et en souhaitant malgré tout leur bonheur, petit à petit tout va être gommé, et on deviendra indifférent, puis on pardonnera. Enfin, il y aura une réaction positive chez ceux qui nous ont faits du mal, difficile de dire laquelle mais on peut penser qu’elle sera une ouverture et que la situation évoluera. Le père pardonnera, les enfants comprendront les faiblesses de leurs parents, tout est possible et mystérieux, surtout si on prie Kangi-ten qui agit en profondeur sur le cœur.
Ascèse dans la nature
Un texte initiatique « la table d’émeraude » dit « Tout ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, tout ce qui est en haut est comme ce qui est en bas pour faire le miracle d’une seule chose. Toutes ces choses sont nées de l’un par adaptation. Le soleil est le père, la lune la mère, le vent l’a porté dans son ventre, la terre est sa nourrice ».
La nature n’est pas de la matière inerte, des cailloux et du bois sans âme, c’est le corps vivant du Bouddha, en s’unissant à ce corps cosmique appelé Dharmadatu on se libère de ses imperfections et on se recharge dans le grand courant de la vie.
Ils existent beaucoup de pratiques de purification au Japon par des ascèses physiques, longue marche dans des montagnes sacrées, ascension, aspersions d’eau froide sous les cascades ou dans la mer en poussant de grands cris. Parfois en hiver, je vois des gens marcher la nuit pieds nus sur le sol glacé du temple de Hôzanji en répétant le mantra de Kangi-ten et ils saluent à chaque fois qu’ils passent devant le honzon. Il s’agit toujours de mobiliser les énergies du ventre par un exercice physique sévère et ainsi de briser les obstacles émotifs qui bloquent la remontée des énergies vitales vers le sommet de la tête.
Si on pratique la méditation sur le vide chez soi avec régularité et constance comme un train qui passe chaque jour à la même heure, en renonçant à sortir dans le monde pour se distraire c’est déjà une grande ascèse, surtout si on y associe de faire des prosternations pour mobiliser le corps. On peut aussi nettoyer le temple avec un balai, une serpillière et de l’eau et répéter des mantras. Tout peut devenir un acte magique cela dépends de notre foi et de la profondeur de notre vision.
Près du temple de Hôzanji à  Ikoma, plusieurs cascades célèbres sont appelées par des noms de dragon, et plusieurs fois, j’ai fait des brefs séjours dessous la douche glacée en hiver tout  en répétant le sutra Hannya shingyo.
Après, on se sent bien et j’ai l’impression que cela permet d’atteindre des zones difficiles à nettoyer dans le subconscient, c’est sans doute l’effort de supporter la douleur qui compte.
Il faut quand même pas exagérer et ne pas rester trop longtemps et si possible prendre un bain très chaud après pour relancer la circulation sanguine en soi, sinon on risque de devenir malade. Si les ascèses donnent des fruits dans le monde concret c’est parce qu’elles sont la manifestation d’une maturité intérieure qui a construit dans l’invisible des corps de lumière. Ceux-ci se manifestent ensuite en modifiant l’environnement du lieu de manière mystérieuse par affinité énergétique. Si on entretient une pensée en bien ou en mal à la longue elle se matérialisera. Tout vient au bon moment à qui sait attendre et il vaut mieux travailler sur soi  plutôt que de se plaindre et d’accuser le monde entier d’injustice.
A la longue nous avons ce que nous méritons, si cela tarde à venir il faut chercher en soi ou dans son environnement les facteurs limitants qui empêchent le succès. Il faut être clair dans ses objectifs, qu’il n’y ait pas une partie en soi qui veut une chose et une autre, une autre chose surtout si elles sont incompatibles. Notre énergie est limitée, nous ne pouvons tout faire et tout avoir en même temps, il faut donc savoir ce qui est pour nous le plus important. Les échecs viennent souvent d’une mauvaise manière de concevoir la relation aux autres. Par exemple dans une entreprise, un besoin de domination d’un cadre peut faire fuir les meilleurs éléments et faire venir les faibles soumis, sans force de caractère donc sans esprit créatif ou responsable.
Pour se transformer intérieurement ou réussir dans une activité mondaine, il faut mobiliser toutes ses forces et « Tenir l’ascèse». Si on pratique avec constance malgré le froid, la maladie, la douleur, la faim, le manque de sommeil, le mépris et les calomnies des imbéciles qui ne font rien et qui souhaitent nous voir échouer juste pour justifier leur inertie, le karma se dissout et il se passe de grandes choses dans le cœur.
Le monde des Bouddhas se révèle et le succès dans le monde vient peu après.
Faire des vœux est une activité qui oriente l’énergie de l’esprit pour le présent et le futur, c’est très important de faire des vœux pour le futur. C’est comme planter des racines de plantes qui vont apporter le bonheur et d’heureuses rencontres plus tard.
Pendant les rituels on fait les cinq grands voeux : « Je fais le vœu de sauver tous les êtres vivants , de pratiquer les six paramitas, d’apprendre les vérités du dharma , de servir tous les bouddhas , d’atteindre l’illumination non seulement pour moi mais pour aider tous les être»
Concernant ma propre vie, je pense que j’ai du faire dans mes vies passées souvent le vœu de toujours pratiquer le dharma auprès des grands maîtres bouddhistes. Bien que je sois né en France, à un moment tout s’est organisé d’une manière mystérieuse pour me faire rencontrer le Shingon. Les amis, les livres, les statues, les objets de rituel et surtout les meilleurs maîtres, tout est arrivé au bon moment mystérieusement. C’est rare et précieux de rencontrer des vrais maîtres qui enseignent des rituels secrets. Il faut qu’ils voient plus loin que nos défauts actuels et connaissent les secrets de votre cœur pour nous faire confiance.

Le sens de l’unité
Les quatre qualités appelées incommensurables qui définissent l’idéal du saint bodhisattva sont la bonté, la compassion, la joie, et l’abnégation, elles reflètent la valeur réelle d’un individu quelque soit sa religion bien mieux que tout diplôme ou titre honorifique.
Pourtant elles ne peuvent s’exprimer pleinement sans la plus importante de toutes les qualités, le sens de l’unité. C’est parce que nous ressentons intuitivement notre identité avec les autres que nous éprouvons pour eux des sentiments positifs et que nous ne pouvons supporter de les voir souffrir sans vouloir leur venir en aide.
Le mental cherchent les lois scientifiques qui organisent la matière, il reste dans la dualité et ne développe pas forcément la compassion. Un proverbe dit : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme».
La sagesse de la vision du cœur trouve l’origine de tout dans la vacuité et cela développe le sens de l’unité.
Le philosophe grec Platon  décrit la situation d’un homme assis dans une caverne, il regarde vers l’intérieur, derrière lui passent beaucoup de gens, des animaux, des choses mais comme il leur tourne le dos il ne les voit pas vraiment.
Il ne voit que leurs ombres projetées par le soleil sur le fond de la grotte et il cherche à comprendre ce qu’il voit.
Pour comprendre le monde tel qu’il est vraiment il faudrait qu’il se retourne sur lui-même mais il ne le fait pas parce qu’il est fasciné par les apparences de ces images, il veut les comprendre dans leur diversité. Il ne voit pas l’image du soleil unique qui est à l’origine.
Tant que nous regarderons le monde vers l’extérieur au lieu de nous retourner pour voir la luminosité de notre propre cœur de Bouddha, nous resterons dans la dualité.
Nous penserons par différence, le dedans et le dehors, moi et les autres, le bien et le mal, les hommes ordinaires et le Bouddha. C’est un point de vue mondain superficiel car l’océan n’existe pas sans ses vagues et les vagues sans l’océan. Pour atteindre l’illumination il faut sortir du cadre de tous les conditionnements mentaux, et  vivre sa vie selon le principe d’égalité.
Même la compassion doit être associée à la connaissance de la réalité ultime sinon elle devient de l’émotivité qui attache au monde des formes illusoires. Selon un passage du dictionnaire bouddhique Hobogirin : « Il y a deux voies pour les bodhisattvas : Celle de la compassion et celle du vide. L’esprit de compassion leur fait prendre en pitié les êtres et ils forment le vœu de les sauver ; mais l’esprit de Vide détruit cet esprit de compassion ». 
Sortir du dharma mondain, c’est percevoir la nature ultime des choses, leur vacuité lumineuse et voir sur le très long terme, l’évolution de la vie en s’émerveillant. Un médecin cancérologue a qui je disais : « Comment faites vous pour supporter toute cette souffrance ? » me répondit : « Je leur suis utile. Vie ou mort, c’est naturel de naître, c’est naturel de mourir, c’est une expérience»
Tout est une occasion de développer l’équanimité, le lâcher prise, tout est l’expression du Bouddha et digne de respect, pas besoin d’être de parti pris pour quelque chose ou nationaliste pour affirmer sa force. Le Bouddha n’est pas français ni japonais, c’est la force de vie de l’univers, vide, calme, joyeuse, brillante, lumineuse.
Restons comme le miroir qui reflète des images très différentes mais lui-même n’est pas influencé par elles.
 Méditation sur la lettre « A »
Dans le Shingon on médite sur l’image d’un disque de lune, un lotus est dessiné dedans avec la lettre A dorée posée dessus symbolisant Daïnitchi-nyoraï.
Ce type de méditation est appelé « pratique du A ji Kan.
On regarde longuement la forme de la lettre qui a été dessinée par les grands maîtres du passé en respirant lentement de nombreuses fois avec le bas du ventre tout en répétant le son de la syllabe « A » à mi voix pour purifier les voiles du mental .
Cette syllabe « A» est le son mère de tout les mantras et elle est vénérée dans toutes les religions. Elle commence beaucoup de mots sacrés et des mantras.
Elle est le son qui fait la jonction entre la forme et le sans forme et elle permet d’ouvrir toutes les portes à l’intérieur du corps, c’est une clef universelle.
La lettre A se trouve dans le lotus au milieu du mandala du Taïzo-kaï .
La pratique de purification du « A ji kan » est très importante dans le shingon, elle permet d’atteindre le dharma extra mondain au de là des formes et des pensées.
La méditation consiste à se concentrer d’abord sur la forme de la lune, puis juste sur sa luminosité brillante. Quand l’image de la lune occupe tout notre esprit, elle tend à fusionner avec notre propre cœur dans la poitrine. La lune devient notre propre esprit, ce processus de fusion s’appelle faire« Nyu-ga-ga-nyu ».
Pendant l’initiation de Kanjo du Shingon, le maître montre un miroir rond en disant : « Tout les dharmas sont une création de l’esprit».
Si on voit la lune comme un miroir qui brille dans notre propre cœur, on réalise que nos pensées sont les reflets de notre propre esprit, elles n’ont pas d’existence stable.
C’est comme quand on regarde un film sur l’écran de la télévision quand le film s’arrête il ne reste que la seule chose réelle stable, l’écran blanc de la télévision non coloré par une image.
Si on comprends combien les pensées enferment notre compréhension du monde dans la caverne de nos cadres mentaux, on peut avoir envie de s’en libérer pour connaître la vérité.
Passer du dharma mondain au dharma extra mondain par la méditation consiste à ne pas colorer l’esprit, à rester le plus longtemps possible sans désirs, sans pensées, sans volontés de comprendre ou de faire quelque chose, juste garder son esprit en paix sans tension et ainsi percevoir des niveaux de plus en plus subtil de ce vide.
Pour progresser dans la pratique du « A », il faut être guidé par un maître dans les mondes invisibles et de recevoir des enseignements à travers des rêves ou des visions.
La pratique du mikkyo consiste à comprendre par l’étude de la symbolique comment adapter les mantras les uns avec les autres pour ouvrir des portes. C’est très secret et chacun doit tracer sa propre voie et reçoit des enseignements selon son niveau d’implication intérieure.
Un proverbe de l’ésotérisme occidental dit ; « Ceux qui savent se taisent, ceux qui parlent ne savent pas.»
Ainsi on avance pas à pas dans les étages supérieurs du stupa intérieur vers le sommet de la tête. En suivant la voie de l’ascension de la montagne de l’éveil, l’homme de tête peut facilement  tomber dans les pièges nombreux et subtils tendus à son ego. Aussi, chaque jour il doit commencer par remercier le maître et le Bouddha de le protéger quoiqu’il arrive et inspecter sans cesse son esprit  pour ne pas le laisser s’égarer dans des relations ou des désirs inutiles ou perturbants.
C’est ainsi seulement que l’on peut préserver en soi la paix et continuer à avancer dans la connaissance de son propre esprit.
La clarté de notre esprit
Pendant l’initiation de Kanjo du Shingon, le maître montre un miroir rond en disant : « Tout les dharmas sont une création de l’esprit».
Quand on imagine un miroir plat dans la poitrine, on s’intériorise spontanément parce qu’on pense en deux dimensions. Toutes les images qu’on voit dans la vie sont des reflets provisoires sur le miroir de l’esprit, elles sont illusoires parce qu’impermanentes
Le réel, c’est la clarté brillante du miroir, la clarté de l’esprit qui est stable que les pensées soient bonnes ou mauvaises .
Cette luminosité, vide de toute forme et sans parti pris est l’esprit du Bouddha Daïnitchi-nyoraï, elle est dans le cœur de tous les êtres même si elle s’exprime de différentes façons dans le monde concret.
On l’appelle aussi la nature de l’esprit, l’esprit tel qu’il est avant que le mental commence à conceptualiser. C’est comme le fond de tain du miroir qui renvoie de la lumière sans être perturbé par les images de différentes couleurs qui passent dessus.
Tant que nous ne figeons pas notre esprit dans une idée ou un désir, il reste vierge, disponible au contact de la vacuité, dès qu’une idée ou une passion apparaît, il se densifie puis se fige dans une image ou une sensation sur laquelle nous allons réfléchir.
Un disciple demandait à un maître zen combien de temps il lui faudrait méditer pour atteindre l’illumination : « Une semaine ». Tout content il dit alors « et si je fais beaucoup d’effort, combien de temps ? ». Le maître dit  « Un mois ». Le disciple comprit alors que la volonté est un facteur de limitation, ce qui est important c’est le détachement du but.
Nous pouvons répéter beaucoup de mantras, des sutras, faire des ascèses et nous resterons dans la dualité si nous le faisons pour des buts mondains, nous figerons notre esprit.
Pour connaître l’illumination, il faut avoir du recul vis-à-vis de soi, ne pas être trop volontaire développer plutôt le sentiment d’abandon et de reconnaissance. Les différentes pratiques n’ont qu’un but, développer le sentiment de l’unité par l’action de grâce.
Quand j’ai fait pour la première fois l’ascèse de goumonji, mon maître Aoki Yuko m’a dit : « Souvenez vous que ce n’est pas vous qui faites l’ascèse, c’est le Bouddha qui le fait à travers vous» et remerciez ».
Si nous mettons trop notre confiance dans nos efforts, nous deviendrons orgueilleux d’avoir  fait des choses difficiles, l’orgueil est le pire des pièges qui fige l’ego dans l’idée qu’il se fait de lui-même. Il empêche d’atteindre l’éveil, la spontanéité de l’intuition dans chaque situation.   
La répétition de la Prajna-paramita est une autre voie pour aller au-delà des différences et de retrouver l’unité de tous les phénomènes dans la vacuité, l’esprit se libère de la caverne des cinq skandas ,les conceptualisations, les volontés, les pensées , les désirs ,les formes.
Cette sagesse épanouit la sensibilité du cœur et l’énergie devient fluide, très volatile ce qui lui permet de deviner plus facilement les états d’âme de ses semblables en les ressentant en soi.
Plus on pratique et plus les limites du corps s’estompent, on fusionne avec la vie de la nature et tout ce qui existe.
Il faut faire attention à ne pas devenir trop sensible et vulnérable aux pensées et perturbations des autres et répéter aussi le mantra de Foudomyôô pour se renforcer.
La paix intérieure
Quand le cœur s’est purifié d’abord des voiles des émotions et puis des pensées qui le rendent rigide, il atteint un état de paix stable où il ne cherche pas à  tout contrôler ou tout comprendre par le mental. La vision profonde se développe et permet d’accéder à des niveaux de plus en plus subtils de l’esprit et l’agitation du monde lui apparaît vaine et superficielle.
Il cherche plutôt la tranquillité pour protéger son esprit des pièges et des mauvaises influences du monde, les maras.
Ainsi les sens intérieurs s’affinent et la vision des yeux spirituels s’approfondit dans d’autres dimensions d’existence que ce monde ordinaire.
Imaginez par exemple que votre corps puisse devenir très fluide quand vous le vouliez, cela vous permettrait de vivre au contact avec les poissons, de découvrir le fond de l’océan et de travailler avec l’énergie de l’eau pour purifier l’océan. Ce serait amusant, n’est ce pas ?
Pouvez vous imaginer plusieurs sortes d’océan, de plus en plus subtiles ? Des univers multiples comme on en parle dans l’Avantaka sutra ?
L’intelligence d’un homme ordinaire ne peut concevoir l’idée d’univers parallèles, il ne croit que ce qu’il voit avec ses yeux ordinaires. Il ne se rends pas compte qu’il est un petit gland qui dort au fond de la terre en attendant de découvrir le ciel et le soleil.
Comment faire la différence entre l’imaginaire d’un fou ou d’un charlatan qui racontent n’importe quoi pour gagner de l’argent en abusant de la crédulité des gens simples et l’enseignement d’un vrai mystique qui connaît les terres de Bouddha.
D’abord il faut voir si la personne est stable dans sa vie privée et n’a pas un comportement extravagant. Ensuite il y a une longue pratique avant de développer des dons psychiques.
Matsumoto senseï était extrêmement intuitif et mon autre maître Aoki yuko était craint par les moines parce qu’il pouvait savoir quand ils faisaient des bêtises. Ils vivaient la tête dans les étoiles, mais bien les pieds sur terre pour faire face à toutes les responsabilités qu’ils avaient.  La différence majeure est que le malade est instable ou qu’il part facilement dans des délires interprétatifs. Il explique qu’il se sent agressé par des forces venant d’une autre planète ou d’ailleurs ce qui le fait délirer.
Le mystique lui est entraîné par des années de méditation et il connaît bien tous les pièges de l’au-delà, il gère sa vie dans le monde invisible avec la force de ses mantras comme un chef d’entreprise utilise ses instruments de travail. Il n’y a que par l’expérience personnelle de la méditation que l’on peut comprendre l’existence de différents mondes et y vivre consciemment simultanéement.
La recherche de l’éveil intérieur est un investissement personnel important. Pendant des années, on renonce en partie aux plaisirs du monde pour trouver le temps de méditer chaque jour. Si vous étiez sourd et aveugle de naissance, quels efforts feriez vous pour guérir ? Aucun, si personne ne vous avait jamais parlé de la beauté de la vie et que votre état est guérissable.
Beaucoup de gens ne font aucun effort pour se connaître ou s’améliorer, c’est dommage qu’ils pensent qu’on peut très bien se passer de prier et de méditer, sans vouloir connaître la vacuité.
Notre corps est mystérieux, il est comme un immeuble avec de nombreux étages dont les supérieurs nous restent inconnus. Les enseignements bouddhiques parlent d’atteindre des terres de Bouddha, des niveaux d’éveil comme « Togakkou » et « Myogakkou » qui sont différents niveaux de réalisation de la vacuité. Si on parlait en terme d’énergie lumineuse on dirait qu’on peut atteindre différents niveaux de fréquence jusqu’au moment où il n’y a plus personne qui atteint quoique ce soit car tout se dissout, le chercheur et l’état recherché, c’est l’éveil sans supérieur , l’anutara sambodhi.
Pour accéder à  ces étages de la vacuité, il faut épanouir un peu plus chaque jour son intelligence et son cœur dans la compassion universelle.
Le sutra de Hannyarishukyô développe comment se libérer des liens affectifs qui enchaînent dans le monde de la dualité, la divinité principale du Rishué mandala  est Aïzen myôô .
Mais il n’est pas facile de progresser dans la voie, car il y a une grande différence entre ce qu’on comprend, ce qu’on veut obtenir de soi et ce qu’on peut réellement supporter au niveau solitude. Se détacher complètement du monde est douloureux, nous avons un cœur d’enfant qui a besoin d’être aimé par quelqu’un en particulier pour se sentir exister un peu.
Une autre forme d’obstacle quand on pratique intensivement vient du karma latent qui vient à maturité et parfois il faut en payer le prix, au moins en partie, et le corps doit souffrir, comme dans l’histoire du moine Zen qui avait offert son bras coupé pour recevoir les enseignements.
Il faut vraiment être conscient de la futilité de ce monde périssable pour faire autant d’effort  pour sortir de la caverne de son mental. Ce désir ou cet appel de Dieu ou du Bouddha vient certainement de nos vies antérieures quand nous étions des religieux plus fervents.
Revenir toujours à la clarté de l’esprit , la méditation et l’action
Une citation du texte Indien « la Bhagavat gita » dit ; « Ce n’est pas pour le résultat de l’action qu’il faut agir mais pour l’action elle même»…parce qu’elle nous permet de nous perfectionner.Dans la continuité de nos vies, tout effort a du sens car rien ne se perd.
Méditation et action deviennent alors la même chose quand on vit en permanence conscient de la clarté vide du miroir sans laisser captiver toute son attention par les reflets, les pensées.
Cela revient a être vigilant et à revenir immédiatement à la luminosité du miroir quand on se passionne un peu trop, au besoin en s’aidant de la répétition d’un mantra ou de la prajna paramita. N’importe quelle action peut être utilisée si le rythme du travail le permet. 
Observer ses réactions est un exercice idéal pour se préparer à mourir puisque tous nos repères vont s’effacer à ce moment là et que nous devrons percevoir la claire lumière de l’esprit sans s’attacher à ce monde par des regrets.
Suivre la voie juste revient plus à suivre son intuition intérieure en retrouvant un état naturel, pas besoin de réfléchir trop, pas besoin de chercher le bien et de lutter contre le mal.
Les images ou les sensations positives ou négatives que nous supposons exister autour de nous sont des reflets du miroir, des illusions duelles, fabriquées par notre esprit.
Nous rêvons ! Revenons à la simplicité de la clarté pure de l’esprit.
De même croire encore à l’existence d’un moi à perfectionner, c’est encore une illusion duelle car alors il y a quelque chose à chercher, à acquérir et quelque chose à rejeter.
Nous rêvons encore ! Revenons à la simplicité de la clarté pure de l’esprit.
Il n’y a pas d’effort à faire pour se détacher ou se purifier, juste lâcher prise et être conscient.
Lâcher prise, c’est la chose la plus difficile à faire au monde parce que nous avons peur du vide, peur de la solitude et nous voulons tout contrôler. C’est un peu comme un enfant qui étreint son nounours en peluche par peur de l’obscurité. Chacun choisit dans sa vie adulte différents types de peluche pour se sentir exister, mais tout est illusion, impermanence.
Tout ce que nous voyons de la vie est le reflet sur le miroir de notre cœur de nos pensées, de nos espoirs ou de nos craintes. Ce n’est pas le monde réel mais juste le monde que nous rêvons de posséder ou que nous détestons. Le monde lui, il évolue indépendamment de nos espoirs et nos attentes, ce n’est que momentanément que nous pouvons croire posséder ou vaincre quelque chose, tout passe, tout est un rêve fugace.
Comme c’est triste de quitter la caverne de ses certitudes!
Nous rêvons ! Revenons à la clarté pure de l’esprit. 
Le maître Houeneng, patriarche du bouddhisme Chang écrit le poème :
« Il n’y a pas d’arbre d’éveil, ni de cadre de miroir brillant.
Puisque intrinsèquement tout est vide, où la poussière pourrait-elle s’attacher ? »
Vivre dans l’intuition juste à chaque moment, cela est-il possible ? Au Japon, les petites statues de Bodhidharma se redressent toujours même quand on les couchent sur le coté.
Même si nous dévions de la voie, revenons toujours à notre pratique.
Pour le saint tout vient au bon moment sans qu’il l’ait prémédité, tout part au bon moment sans qu’il cherche à le retenir. Tout est vide, pourquoi vouloir attraper ou garder un courant d’air ?  Il n’est pas évident de savoir ce qui est bon ou mauvais pour sa propre vie, il est donc préférable de s’abandonner à l’intuition du moment présent et de revenir à la simplicité de la clarté pure de l’esprit.
Prendre refuge et cultiver la joie intérieure en s’abandonnant à la sagesse du Bouddha qui nous dépasse c’est cela suivre la voie.
Vivre dans l’intuition juste de chaque moment, cela est-il possible ? Au Japon on vend des petites statues de Bodhidharma qui se redresse toujours même quand on les penche sur le côté. Même si nous dévions de la voie, revenons à notre pratique.
Conclusion
Parfois on peut se demandez pourquoi on vit si rien n’existe, mais chaque vie est précieuse parce qu’elle est l’expression du grand tout même si elle ne dure qu’un instant, c’est comme une petite fleur des champs elle s’épanouit avec les autres sans se poser trop de question.
Elle est juste heureuse de qui vient chaque jour.
Si nous préservons notre cœur, le reste de nos activités se déroulera harmonieusement.
Une religieuse disait à ses sœurs : « Je ne vous demande pas de faire des miracles mais des petites choses avec le sourire». Le plus important dans sa parole c’est « Avec le sourire », car  sourire signifie avoir de la maturité et garder de la distance vis-à-vis de son activité.
Le monde a besoin d’être sauvé, mais il a surtout besoin d’être aimé, c’est cette douceur, cette délicatesse de sentiment qui manque le plus actuellement dans les rapports humains.

Yukaï Senseï